Contradictions

Habiter une maison en ruine et ne pas s’attendre à son écroulement sous l’effet des intempéries intempestives. Vouloir organiser le mondial du foot et ne pas se soucier de l’état du gazon d’un terrain lors d’un match officiel. Ne pas avoir des laboratoires et des équipes de recherche dignes de ce nom et prétendre à l’innovation. Vouloir insérer la jeunesse dans la vie active et permettre à un(e) jeune étudiant(e) d’habiter à la cité universitaire pour moins de cinq cent dirhams l’année.
Settat est la ville universitaire où la solution trouvée pour ses amis, l’année dernière ne peut s’appliquer cette année pour les autres. Vraiment aller à Berrechid ! Chercher la contravention en faisant le gué pour un stop non respecté et permettre, juste à quelques mètres, le stationnement en triple position (et plus !) devant la porte du lycée de l’ex-mission française. Fils ou fille de sa mère et de son père Moijesuisquiestce prétendant la modernité et «la classe» (avec chauffeur SVP) et se comporter comme un(e) malotru(e), chauffeur compris. Être un grand cabinet d’audit et ne pas payer ses impôts.
Vouloir bouleverser l’ordre patriarcal pour imposer l’ordre matriarcal. Prétendre à la virginité tout en pratiquant, jusqu’à une certaine mesure, sa sexualité. Prétendre à la synthèse et répondre aux remarques et critiques des uns et des autres. Clamer sa volonté d’union en ne parlant que de soi. Croire que le bien c’est soi, le mal c’est toujours l’autre. Un pont qui tient est un pont qui date et un pont qui s’écroule est un pont qui vient d’être réceptionné. La plus belle route ne peut résister à la battance d’une averse. La plus belle fille du Maroc ne donnera pas ce qu’elle a. Expliquer les inondations par la période de retour sans l’avoir pris en considération dans le dimensionnement des ouvrages.
Don Juan avec les autres et Harraz pour sa sœur. Prétendre à l’union des forces et développer le sectarisme. Dire (positif) et ne rien faire et faire (négatif) sans rien dire. Si cela n’a pas été en 2000, cela sera pour 2020, voire 2030 et pourquoi pas 2063 ! Imiter pour parodier et simuler pour paraître. Paraitre sans être, c’est par «Par» que l’on peut être. Être en costard et uriner sur le bord de l’autoroute en faisant croire à une panne. Faire de la politique de proximité en usant de la téléphonie mobile. Habiter un pays ensoleillé et ne pas pouvoir sécher son linge chez soi. Verticalité et densité, spéculations et insécurité.
Déchets dans les rues de la ville c’est la politique ruée. Rien ne se cache, rien ne se dit, tout se balbutie. Bâtir son commerce politique sur la rumeur, châteaux de sable ou café du commerce. Arguer que tout est manigancé par les tenants du pouvoir et prétendre à l’autonomie de décision. Vouloir changer l’état des choses en arguant, en tout moment, qu’ainsi vont les choses. Le gouvernement du jour n’est pas le même que celui qui s’exerce la nuit. Pleurer après les morts sans rien faire pour eux quand ils étaient vivants.
Rendre hommage à un mort et l’encenser dans un consensus unanime alors que de son vivant il était classé parmi les pestiférés. Appartenir à un parti politique sans faire sa politique. Faire sa prière et prendre son petit verre. Se dire bon croyant et investir son épargne en biens immeubles pour ne pas purifier ses biens et donner aux pauvres. Faire de l’humanitaire pour l’au-delà et exploiter l’homme ici-bas. Croire que le pardon peut s’acquérir par un couscous offert publiquement le vendredi. Cynique en politique rend la politique cynique.
Compter seul peut toujours rapporter jusqu’au moment où les autres commencent aussi à le faire. Pleurer le passé pour ne pas changer le présent. Pratiquer la nuisance pour être pris en considération. Donner à un ministre la parole et l’arrêter juste après pour respecter (à la seconde) le temps qui lui est imparti pour préciser sa réponse à un commentaire suite à son interpellation institutionnelle. Si la télévision publique n’existait pas il faudrait l’inventer pour combattre l’absentéisme des parlementaires. Au parlement, un ministre ne s’occupe que de ses affaires; c’est pour cela que les bancs du gouvernement sont vides. Dans son bureau, le ministre ne s’occupe que des affaires de l’Etat, le peuple peut toujours attendre. Dans son parti, un ministre ne s’occupe ni de ses affaires ni des affaires de l’Etat, il s’occupe de lui-même. Tout est en vrac pour ne pas contredire la nature.
Écrit par Mustapha Labraimi