Azzouz Senhaji : “Nous œuvrons pour renforcer notre représentativité’’

ENTRETIEN AVEC AZZOUZ SENHAJI, membre du bureau politique du PPS pour la Magazine Maroc Hebdo sous le N° 1391 – du 23 au 29 Avril 2021.

Azzouz Senhaji, né à Taza, il y a 46 ans, a gravi tous les échelons au sein du PPS avant d’être élu au bureau politique depuis 2014. En cette qualité, il est chargé des organisations parallèles et des secteurs socio-professionnels du parti ; et de l’organisation du parti au niveau de la région orientale.

 

Comment le PPS prépare les futures échéances électorales prévues dans les prochains mois ?

Le PPS a appelé à la mise en place de conditions politiques appropriées pour organiser les prochaines élections, en appelant à une ouverture politique, et en insufflant un nouveau souffle démocratique, de manière à rétablir la confiance et garantir une large participation, pour que les institutions élues soient crédibles, et que l’action politique retrouve sa place naturelle.

Par ailleurs, nous ne pensons pas que les élections soient une fin en soi, elles ne sont qu’un outil parmi tant d’autres pour instaurer la démocratie. Les élections devraient être une meilleure occasion pour l’échange d’idées, la confrontation des visions, la concurrence loyale entre propositions de projets sociétaux. Ce devrait également être l’occasion pour une reddition des comptes par les gestionnaires des affaires publiques, à l’opinion publique. Tout cela ne sera pas réalisé en se concentrant uniquement sur les lois électorales ou sur la sélection des candidates et candidats.

Par conséquent, nous appelons toujours à un débat public sur les questions vitales qui préoccupent les citoyens et la Nation. Malheureusement, les médias publics restent passifs jusqu’à présent. Aussi, le gouvernement et sa majorité donnent une image terne et faible en matière de communication.
Partant de ce constat, nous nous efforçons, autant que faire se peut, de stimuler le débat sur un certain nombre de problématiques. Ainsi, avons- nous récemment organisé des conférences et des réunions sur des questions importantes comme l’éducation, l’énergie, la protection sociale, l’offre de santé nationale… Néanmoins, nous sommes fermement convaincus qu’on ne peut applaudir d’une seule main.

En même temps, et au sein des rouages internes du parti, nous travaillons depuis des mois, sereinement et constamment, à la sélection des candidates et candidats du parti pour les différents niveaux des échéances électorales futures.

Aussi, nous fournissons un effort considérable dans l’élaboration participative de nos programmes électoraux. .

Y aura-t-il de nouveaux visages parmi les candidats ou verra-t-on les mêmes cadres ?

Il est malheureux de constater comment au cours de ces derniers mois, les partis politiques se sont acharnés pour le «vol mutuel» des candidats les plus susceptibles de remporter des sièges. A noter que les élections sont censées être une réelle opportunité pour le renouvellement des élites. Cependant, la baisse du niveau de confiance et de participation électorale nous place devant une réalité qui recèle une faible probabilité du renouvellement des élites. C’est dommageable pour notre pays.

Objectivement, il est indéniable que notre parti se trouve, d’emblée et par la force de la réalité, dans ce tourbillon. Néanmoins, il faut reconnaître que nous mettons tout en œuvre pour nous ouvrir sur les jeunes et sur de nouveaux acteurs. Personnellement, en tant que coordinateur de la Région de l’Oriental, j’ai récemment tenu, sur place, une réunion avec les jeunes du mouvement Jerada, et nous avons débattu avec eux de la possibilité de se porter candidats sous la bannière de notre parti. Il faut dire que le fait de les amener simplement à opter en faveur de l’action politique au sein des institutions élues a exigé un effort et une discussion approfondie qui se poursuivent toujours.

Cependant, l’expérience de Jerada n’est pas la seule. Mais vous connaissez, malheureusement, la logique dans laquelle se déroulent les élections, et les clés qui commandent la victoire électorale, à la lumière de la faiblesse du vote politique. Cela affecte négativement un parti comme le PPS, qui compte, avant tout, sur son offre politique et intellectuelle.

Quel programme va défendre le PPS, lui qui a été dans le gouvernement de l’alternance dirigé par l’USFP tout comme dans celui dirigé par les islamistes du PJD ?

Oui, effectivement, nous avons participé au gouvernement pendant 20 ans, mais n’oubliez pas que nous avons été dans l’opposition pendant 55 ans. N’oubliez pas non plus que nous nous sommes retirés en 2019 du gouvernement de Monsieur El Othmani, par une décision démocratique des instances de notre parti, après avoir épuisé tous nos efforts pour créer l’harmonie et la solidarité et redynamiser les composantes de la majorité, alors en conflit contant entre elles.
N’oubliez pas aussi que notre participation aux gouvernements précédents a été majoritairement limitée, mais nous ne pouvons qu’être fiers du bilan des Ministres de notre parti dans les secteurs qu’ils ont dirigés. Cela ne signifie pas que tout était parfait. Bien sûr, il y a eu des problèmes que nous n’avons pas pu résoudre. Nous avons eu toujours le courage et l’objectivité de l’admettre.
En résumé, le PPS n’a jamais été en mesure de mettre pleinement en œuvre son programme. Cependant, le degré d’entreprendre la réforme variait d’un gouvernement à l’autre. La dynamique de réforme au cours du gouvernement d’alternance par exemple est incomparable avec le gouvernement El Othmani caractérisé par sa quasi-démission des principaux chantiers de réforme. Et c’était l’une des raisons de notre retrait.

En ce qui concerne notre programme actuel, le parti a produit au cours des deux dernières années un grand nombre de documents, dont les plus importants sont : le document du « nouveau souffle démocratique », le document du modèle de développement alternatif, et le document « Pour un contrat politique nouveau » qui propose un plan de relance pour la phase post-Covid-19.

Je peux donc affirmer que les grandes lignes de notre programme sont prêtes, et aujourd’hui, nous travaillons pour leur approfondissement et leur paramétrage thématique et territorial.
Dans les détails, il y a nos propositions relatives aux voies de réaliser la croissance économique, notamment en donnant un rôle plus important à l’intervention de l’État. Ensuite, il y a aussi des propositions visant à faire en sorte que la croissance économique soit équitable sur les plans social et spatial, pour éradiquer la pauvreté et la vulnérabilité.

Ici, nous apprécions hautement le chantier de la généralisation de la protection sociale lancé par Sa Majesté le Roi, chantier qui introduira un changement fondamental dans les conditions sociales de la plupart des Marocains, et des Marocaines, en particulier les pauvres d’entre eux.

Sur combien de sièges mise le PPS pour les prochaines législatives ?

Nous visons à gagner le plus grand nombre de sièges possible. Le PPS le mérite eu égard à sa crédibilité et son engagement constant en faveur des intérêts suprêmes du pays. Nous œuvrerons pour renforcer notre représentativité au sein des institutions élues. Ce qui nous permettra d’être plus en mesure de transformer nos idées en progrès .

Avant cet objectif, nous travaillons aujourd’hui, avec beaucoup de sérieux et de persévérance, pour assurer une large couverture des élections communales, et surtout pour assurer une couverture complète et qualitative des élections législatives.

Si notre objectif est d’occuper une position avancée parmi les premiers rangs, nous n’oublions jamais, au PPS, que celui qui doit gagner, est avant tout, notre pays.